Émigration clandestine : « Il faut déconstruire le complexe qu’ont les jeunes vis-à-vis de l’Europe »

Face au chômage grandissant dans le rang des jeunes en âge de travailler, ces derniers ont opté pour une solution plus radicale et très risquée : l’émigration clandestine. Le phénomène a pris une telle ampleur au Sénégal ces derniers temps qu’il devient impératif de plaider en faveur d’une prise de conscience de ces jeunes pour un changement de mentalité. Dans sa vision de placer les jeunes au cœur du développement de l’Afrique, YMCA s’est senti investi de cette mission et a initié une série de réflexion pour analyser le problème afin de lui trouver une explication et des solutions durables. L’organisation a alors organisé un panel en ligne où différents acteurs intervenant autour de la question se sont soumis à l’exercice d’explication du phénomène. Selon Mme Khady Mbodji Dieng, chef du bureau planification des politiques d’emploi à la Direction de l’Emploi, les causes de l’émigration clandestine résident moins dans le désespoir des jeunes que dans le regard sans pitié de la société sur ces jeunes. « En plus de la précarité des emplois qui n’encourage pas les jeunes à rester dans leur pays, on note une certaine violence des sociétés sur les jeunes qui n’ont pas de travail », regrette-t-elle. Un avis partagé par Waly Bakhoum, chef d’antenne régionale de l’ANPEJ à Thiès qui indexe la communication au sein même des familles. « C’est un faux discours que de dire qu’il n’y a pas d’opportunités au Sénégal et qu’il faut partir pour réussir. Il faut que les jeunes comprennent que la vie n’est pas aussi rose là-bas qu’on veut bien le leur faire croire. L’Europe a aussi ses problèmes surtout en cette période », prévient-il. Le chef de l’antenne régionale de l’ANPEJ à Thiès de renchérir : « C’est une illusion que de penser qu’aller en Europe est synonyme de réussite. Il faut que les jeunes reviennent à la raison et déconstruisent ce complexe vis-à-vis de l’Europe », appelle M. Bakhoum. Pour les y aider, l’autre panéliste Jérôme Diouf, conseiller en insertion plaide pour un encouragement afin que les jeunes puissent rester et réussir au Sénégal. « Il faut que le discours soit plus positif pour que les jeunes rêvent du Sénégal ».